LA GRANDE CHARTE
DU MARTINISME "Le martinisme est un système initiatique fondé
dans sa forme moderne par Papus, mais inspiré par une série de
systèmes précédents crées ou modifiés entre
la fin du 17e siècle et le début du 18e par Jacques Martinez de
Pasqually (1724-1774), Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824) et Lois Claude de
Saint Martin (1743-1803). Afin de les distinguer du martinisme contemporain
codifié par Papu, les doctrines de Martinez Pascally et Willermotz ont
été appelées respectivement "martinézisme"
et "willermozisme". Au système de Saint Martin on réserve
le nom de "martinisme" mais, puisqu'il n'y apas une totale coincidence
avec les enseignements successifs de Papus, le terme "Saint-Martinisme"
serait plus approprié". Il faut ajouter que ce courant initiatique
de pensées, "d'opérativité" comme on veut bien
le définir est contrairement aux autres écoles initiatiques un
système philosophique qui se relie à la maïeutique socratique,
au platonicisme, au néoplatonicisme, à l'humanisme jusqu'à
friser les principes qui régissent la psychologie des profondeurs actuelle.
La doctrine martiniste contemporaine est énoncée (dans ses bases)
par les huit points de la Grande Chartre du Martinisme, réélaborée
par les Initiateurs de l'Ordre Martiniste Universel. Ces huit points sont énumérés
ci-dessous et commentés par le G.M. de L'O.M.U.
1 - L'ORIGINE DE L'ORDRE EST DANS SA RELATION INITIATIQUE AVEC L'INVISIBLE.
Martinez de Pasqually n'a jamais parlé de ses maîtres mais il a
laisser sous entendre que certaines "présences" (Supérieurs
Inconnus ?)l'ont inspiré dans l'élaboration de sa doctrine. Par
ailleurs, le martinisme contemporain s'il voulait baser sa crédibilité
et son authenticité sur la base de "filiations" et "reconnaissances"
de matrice maçonnique, il échouerait. La nécessité
qu'ont eu Papus et Chaboiseau à la fin du siècle passé
le démontre : non convaincus de ce qu chacun d'entre-eux disposait, ils
s'échangèrent rituellement les respectives initiations.
2 - L'ORDRE CONSIDERE LA DIVINITE COMME PREMIER SIGNE CREATIF EMANANT DE
"L'IMPOSSIBLE A ATTEINDRE", DIVINITE COMME ENTITE CRÉATRICE
ET REGISSEUSE DE L'UNIVERS LAISSANT A CHACUN LA LIBERTE DE CULTE POURVU QU'IL
SOIT EN HARMONIE AVEC LES BUTS DE L'ORDRE.
La recherche de l'homme est destinée à n'avoir jamais de
fin et c'est à ce propos qu'on parle de l'impossibilité d'atteindre
le Divin. Cette recherche ne peut, évidemment pas être conditionnée
par des dogmes ou des postulats aprioristes. Ce nécessaire avant-propos
n'empêche pas le martinisme d'être complètement libre de
pratiquer son credo de la manière qui lui semble la plus adéquate.
3 - LE SYMBOLE GÉNÉRAL DE L'ORDRE EST LE RÉPARATEUR.
Le réparateur (définition de Saint-Martin) est Jésus Christ
dans sa double personnalité : individu historique et métaphysique
au-delà de toute considération religieuse.
4 - L'ORDRE EST OPERATIF EN VERTU DES DIFFÉRENTS RITUELS : QUOTIDIEN,
LUNAIRE, SOLAIRE, CEUX DU LIVRE ALPHA : C'EST SA PARTICULARITÉ A TRAVERS
LAQUELLE L'ORDRE MARTINISTE UNIVERSEL SE DIFFÉRENCIE DES AUTRES ORDRES
ET ÉCOLES INITIATIQUES.
La grande tradition martiniste ne fait pas abstraction de l'opérativité
basée sur la magie cérémoniale et sur la théurgie.
Saint Martin, davantage plus enclin à l'aspect dévotionnel qu'à
l'aspect théurgique, avait l'habitude de se demander si pour avoir une
relation avec le Divin il fallait nécessairement mettre en jeu autant
d'instruments. Néanmoins il continua à pratiquer la magie "opérative"
jusqu'à la fin de ses jours.
5 - LE BUT DE L'ORDRE CONSISTE A CONSERVER ET A TRANSMETTRE L'INITIATION
MARTINISTE A TRAVERS LES INITIATEURS, AFIN DE RÉALISER LA RÉINTÉGRATION
UNIVERSELLE AU MOYEN D'UN TRAVAIL DE TRANSMUTATION DE L'INDIVIDU.
Ici, on entre dans le vif du sujet : le problème relatif au soi-disant
pouvoir initiatique et à la distinction que fait Guénon entre
initiation réelle (comme l'initiation martiniste) et initiation virtuelle.
Il est évident, par exemple, cue chacun utilisera le dépôt
initiatique martiniste reçu en fonction de ses capacités intrinsèques
qui varient d'individu à individu. Des talents reçus, chaque ouvrier
en fait ce qu'il veut et ce qu'il peur. Mais c'est erroné affirmer que
celui qui n'utilise pas ses talents ne les a pas reçus ou bien qu'il
les possède seulement virtuellement. La particularité de l'Ordre
Martiniste Universel consiste dans la transmission directe d'un fluide astral
de l'Initiateur vers le récipiendaire par l'imposition des mains et par
les paroles. A travers cette transmission s'instaure un lien karmique indissoluble
entre qui transmet le fluide et qui le reçoit. Ce lien, comme tout ce
qui fait partie du karma, se perpétue au-delà de la mort. L'initiation
martiniste concerne les possibilités intrinsèques, c'est-à-dire
celles qui existent déjà, même si à l'état
latent, chez le récipiendaire. Ces possibilités peuvent ne jamais
affleurer mais ce n'est pas pour cela que les contenus initiatiques ne soient
pas réels. D'autres formes d'initiation, au contraire, concernent les
possibilités non intrinsèques, c'est-à-dire celles qui,
grâce à l'étude et à la méditation sur les
symboles, pourront un jour naître,ex novo, chez le récipiendaire.
Dans ce cas là -voir par exemple la Maçonnerie- on peut parler
(ou plutôt on doit) d'initiation virtuelle mais ce discours ne concerne
pas le martinisme. L'importante responsabilité que prend l'Initiateur
consiste à comprendre si un profane de désir a en lui ou pas les
possibilités intrinsèques. Seulement si c'est affirmatif, il pourra
procéder à la transmission d'une initiation qui a toutes les qualités
requises de la tradition martiniste.
6 - LE GRAND MAÎTRE EST LE RESPONSABLE DE L'ORDRE ET EST ELU A VIE
PAR LE COLLEGE DES SUPÉRIEURS INCONNUS INITIATEURS QUI LUI DÉLÈGUENT
TRADITIONNELLEMENT ET RITUELLEMENT LE DÉPÔT ET LE POUVOIR INITIATIQUE
DE L'ORDRE. LE GRAND MAÎTRE GOUVERNE L'ORDRE PAR DÉLÉGATION
DU COLLÈGE DES SUPÉRIEURS INCONNUS INITIATEURS.
Cette délégation des pouvoirs advient au cours d'une cérémonie
rituelle qui suit l'élection du Grand Maître. Agenouillé
au centre d'un cercle formé par tous les Initiateurs, le Grand Maître
subit l'imposition des mains sur sa tête. Le collège qui pendant
la vacance du siège était redevenu dépositaire et détenteur
du pouvoir initiatique de l'Ordre, à travers cette cérémonie,
transmet ce dépôt et ce pouvoir à l'Initiateur élu,
lequel, et seulement lui car il est l'unique en grade de puiser dans ce dépôt,
peut créer de nouveaux initiateurs. Dans l'histoire de l'Ordre, exclusivement
pour des raisons logistiques, il est arrivé que le Grand Maître
ait choisi de déléguer cette faculté aux Initiateurs. Ce
fut le Grand Maître Giovanni Aniel qui voulu en 1992, le rétablissement
de l'antique tradition martinéziste.
7 - LA FONCTION DES SUPÉRIEURS INCONNUS (PRATIQUE, DOCETIQUE, ADMINISTRATIVE)
EN FONT LA HIÉRARCHIE SACERDOTALE QUI GUIDE L'ORDRE SUR LE PLAN VISIBLE.
Le grade de Supérieur Inconnu est un grade sacerdotale accompli.
C'est le plus haut grade que l'on peut atteindre dans l'Ordre. Quand un Supérieur
Inconnu est crée Initiateur il acquière seulement la faculté,
transmise par le collège des Supérieurs Inconnus Initiateurs à
travers le Grand Maître, de soustraire de nouveaux martinistes du monde
profane. L'Ordre se développe sur un plan horizontal et sur un plan vertical
le long des deux bras d'une croix grecque. Il appartient aux Supérieurs
Inconnus de s'occuper de l'Ordre pour les questions horizontales. Les Initiateurs
veillent plutôt sur la pureté et la perpétuité du
dépôts initiatique et ont, parmi tous leurs devoirs celui d'examiner,
de modifier, d'insérer, d'exclure et d'approuver les rituels de chaque
grade de l'Ordre.
8 - L'ORDRE NE DISPOSE PAS D'INSTRUMENTS SIMILAIRES A L'EXCOMMUNICATION ;
PAR CONSEQUENT QUI SORT DE LA CHAÎNE -QUEL QUE SOIT LE MOTIF- RESTE MARTINISTE
PUISQUE AYANT REÇU UNE INITIATION RÉELLE ET NON VIRTUELLE "SEMEL
ABBAS SEMPER ABBAS".
C'est probablement à travers cette disposition que la sacralité
de l'Ordre touche son sommet. Un martiniste est martiniste à vie : il
n'y a aucun pouvoir sur terre qui puisse défaire ce lien. Naturellement
ceci implique une prise de responsabilité de caractère particulier
autant de la part de l'Initiateur que de la part du profane qui demande à
faire partie de l'Ordre. Le grave devoir de l'Initiateur consiste à comprendre
si un profane de désir a en lui ou non les possibilités intrinsèques.
Seulement dans le cas affirmatif il procède à la transmission
de l'Initiation qui doit remplir toutes les conditions exigées par la
tradition. Comprendre ceci est très difficile: il a en jeu de la part
de l'Initiateur des facultés intuitives remarquables et une bonne connaissance
de la psychologies appliquée. Il peut arriver -et cela arrive- que l'Initiateur
se trompe et échange pour un désire ce qui n'est seulement qu'une
mauvaise et inconsciente prétention. Mais à l'erreur de l'Initiateur
l'égrégore de l'Ordre trouve un remède et rend au monde
profane la personne qui du point de vue initiatique ne détient, à
ce moment là, que des capacités intrinsèques. Mais, il
reste de toute façon martiniste.