LE DERNIER ARTICLE DE FRANCESCO BRUNELLI Il n’y a pas de doute que Francesco Brunelli (1927-1982) ait été un des plus importants représentants de l’ésotérisme italien de la seconde moitié du 20ème siècle. Né à Fabriano, il vécut la plus grande partie de sa vie a Pérouse où il exerça le métier de médecin et où il représenta dès sa jeunesse un point de référence pour les amateurs de la science sacré en Italie et à l’étranger. Martinisme, Franc Maçonnerie, Rose-Croix cabaliste, Eglise gnostique, Société théosophique, Société de psychosynthèse sont seulement quelque uns des lieux où s’exerça, toujours à un haut niveau, l’activité initiatique et l’enseignement de Brunelli. En ce qui concerne plus particulièrement notre association, il fut Grand Maître de 1972 jusqu’à sa mort, survenue le jour de la nouvelle lune dans le signe astrologique du lion en 1982. Le texte qui suit est son dernier écrit, inconnu au monde profane. L’article fut publié dans le numéro de mars-avril 1982 de la revue « la Tradition Esotérique », organe officiel de l’Ordre, quelques mois avant le décès de F. Brunelli et nous l’avons republié récemment sur la revue « Anubi », revue de l’OMU qui a pris la place de la Tradition Esotérique. Nous souhaitons faire plaisir aux amis du martinisme hébergeant ce petit et intéressant essai sur notre page d’accueil. Les concepts traditionnels ne changent pas avec le temps et bien que soient passées vingt années, ils sont encore d’actualité pour qui veut parcourir la voie initiatique. Le titre est celui donné par Brunelli.
ENSEIGENEMENT,
DIDATIQUE, INSTRUCTEURS
ET MAITRES VRAIS ET FAUX
de Nébo Supérieur Inconnu Initiateur
Grand Maître Passé
Enseigner aux autres est une tâche si ardue que même les universitaires non pas encore trouvé le nœud de la difficulté. Ils ont forgé toutefois une série de paroles aptes à confondre les idées de ceux qui n’en font pas partie et montré qu’en réalité on fait beaucoup de choses. Nous qui sommes en dehors de l’université, mais à l’intérieur d’autres choses, nous allons commencer par affirmer que la première règle à suivre est celle de connaître clairement l’objectif et le but de l’enseignement. Et déjà, dès le début un renversement se produit car le but que nous nous proposons est en réalité celui de faire percevoir à nos élèves qu’il existe dans tous les hommes la possibilité de dépasser la sphère humaine en réalisant une nutation qui peut les rendre divins. La phrase « transformer le plomb en or » n’est pas une chimère mais elle ne doit pas être prononcée sans savoir de quoi on parle; et généralement on dit et on pense à quelque chose de psychologique et on donne des clés purement psychologiques commençant ainsi à créer les premiers problèmes. La psychologie (et son langage) est une clé interprétatrice mais concerne la psyché et sert justement pour une didactique moins obscure (mais sert-elle vraiment ?) mais toutefois extrêmement dangereuse si tout reste et se limite à ce domaine. En réalité Jung s’est occupé fermement d’alchimie mais seulement d’un point de vue psychologique et non d’un point de vue initiatique et transmutable selon la pure acception du terme. En réalité, l’œuvre –entendue comme celle de déification- ne peut absolument pas se prévaloir d’une didactique ni même des méthodes utilisées pour les disciplines profanes.Le martinisme, comme du reste toutes les écoles initiatiques, n’est pas, ni ne doit, être ouvert à tout. Tel Initiateur, se méprenant, affirme de ne pas pouvoir nier la Lumière à quiconque la demande. La Lumière est octroyée dans le Martinisme aux Hommes de Désire, à une catégorie d’Hommes assez rares à trouver dans la masse, c’est-à-dire des hommes et des femmes qui ont atteint un certain développement intérieur, intellectuel et spirituel et qui possèdent mentalement la capacité de l’intuition ou au moins la capacité de la développer. Le Désir qui qualifie le candidat au Martinisme est quelque chose de spécial qui en aucun cas ne peut être équivoque. Il ne s’agit pas ici que l’enfant demande un bonbon et que l’adulte (si tel il est devenu) le lui donne, car dans ce cas ça ne vaudrait rien certainement. Le discours de la providence « initions les et ensuite on verra ... ils n’avanceront pas pendant quelques années s’ils ne comprennent pas… » n’a pas sa place. Non, l’Initiateur doit savoir peser les métaux, il doit pouvoir discerner qui est capable et qui ne l’est pas de parcourir un chemin initiatique. Il doit être sûr que quand il réveille la lumière latente à l’intérieur du profane il soit capable de dépasser les différentes stratifications existant dans chaque être humain grâce à l’impulsion du désir.Une fois reconnu et admis, l’homme de désir doit être conduit à comprendre l’enseignement occulte favorisant le développement de ces facultés et de ces forces qui sont latentes en lui. Mettre ces forces et ces énergies en activité signifie que les symboles pourront être lus où qu’ils soient, pas seulement grâce à la culture, mais grâce à la lecture intuitive qui permet de posséder les arcanes, ce qui veut dire de la matière avec laquelle s’opère la transmutation de l’homme-animal en homme-dieu. Ainsi, il est nécessaire que l’instructeur ou le Maître ou le guide ou l’Initiateur soit lui-même dans la situation d’avoir achevé la lecture, d’avoir découvert la matière, d’avoir commencé l’expérimentation et d’avoir obtenu les premiers résultats. Sinon, le Maître est faux et vit de culture ou de prosopopées ou de rêves auxquels il donne une crédibilité là où le rêve prend la signification d’une fuite face à la réalité non acceptée ou de toute façon mal vécue à travers la propre individualité. Il est clair que, en ce qui nous concerne, il ne suffit pas d’être maîtres de vie ni même psychothérapeute ou magiciens…, il faut que l’Instructeur ait réellement pratiqué (après l’avoir découverte) la réalité de l’arcane. Dans le cas contraire, même s’il est de bonne foi, c’est de la pacotille. Pour lui, un morceau de vérité peut lui parvenir par la pratique de l’humilité et d’une catharsis constante. Ce n’est pas pour rien que le dénuement et le premier acte demandé au candidat martiniste. Le même discours est valable pour ces innombrables organisations soit-disant initiatiques qui ne possèdent pas les vérités dans l’Arche sacrée des propres dépôts initiatiques. Soit qu’elles se vantent d’une antiquité, soit qu’elles soient contemporaines, soit enfin qu’elles s’inventeront à l’avenir.Voici donc que pour nous qui sommes hors culture officielle qu’émerge une autre didactique, le recours à la tradition. Prenons-en une par hasard. Au milieu du chemin de sa vie Dante s’était perdu et avançait à l’aveuglette à travers la forêt obscure de la mémoire scolastique. Le petit homme cherche. Il a le désir de chercher, de découvrir des vérités et trouve alors le Maître car quand le disciple est prêt (cf. au-dessus qui peut être considéré prêt) le Maître arrive. A Dante se présenta Virgile, un Instructeur de mérite, bien en dessus des Instructeurs à notre portée de main … un Instructeur qui écrivit la mal comprise Enéide, l’enchanteresse et les mal connues Géorgiques …Virgile, un grand Maître ! Et Virgile l’accompagne en bas, toujours plus bas ; d’abord dans les cercles infernaux en le sauvant des manifestations multiformes de la bestialité humaine, réalisant ainsi un renversement, une inversion, il le conduit ver les purgations, vers les purifications aux termes desquelles il disparaît. Maintenant Dante est seul, mais il continue la montée (qui est ascèse) et Béatrice le guide (un état de conscience particulier, comme « Marie » ou bien…) jusqu’à s’élever à la vision suprême, à la glorification suprême, se libérant des forces (XXXXX) tout au long de son ascension outre les sphères des planètes, outre le ciel des étoiles fixes jusqu’à l’empyrée. Remarquez bien : pas mort mais vivant. C’est en vivant la vie du quaternaire qu’il écrira cette Divine Comédie qui cache à ceux qui sont prêts cette doctrine qui (XXXX) sous la voilure de vers étranges. A ce propos, son Maître Virgile, son grand Maître, un grand Maître pour tous, a disparu au seuil du Paradis. Le Maître disparaît quand son devoir sur terre est terminé, quand l’élève est conduit hors de la forêt, en dehors des intérêts humains, sur le chemin de la purification. Le Maître ne peut en faire plus… C’est la loi. Puis c’est Béatrice qui guide, le disciple s’est modifié, il a acquis un état mental différent et il découvre alors les arcanes, il comprend et parle avec Béatrice et Béatrice parle avec lui. Didactique : oui mais jusqu’où ? Didactique, dans quel but ? Que peut-on ajouter à la tradition ? L’initiation est antique comme l’homme et est propre à toutes les traditions. Allons en Egypte en nous rappelant que tous sont passés par là, du moins pendant une certaine période historique. Moïse, le père d’Israël fut instruit sur toute la sagesse Egyptienne. Il était aussi de sang égyptien, autrement il n’aurait pas été abandonné sur le Nil, et s’appelait « Orarsiph » et fut instruit au temple d’Héliopolis. Nous devons rappeler les plus grands de l’antiquité, les pères de la culture occidentale : Sophocle, Eschyle, Solon, Pythagore, Thalès, Hérodote, Apulée, Giamblico, Plutarque, Platon, Cicéron etc…tous furent initiés dans les temples égyptiens. De même le Christ où a-t-il passé son enfance ? La fuite en Egypte est connue même par le plus ignorant des chrétiens. Pour les égyptiens, l’homme était constitué en simplifiant d’un corps physique ou Kath du Ka, une espèce de corps éthéré (lunaire dirait les hermétistes) d’un Ba, une espèce conscient et d’inconscient ensemble et d’un Kohu ou corps de gloire. Ce dernier corps naissait (selon les initiés dans les temples égyptiens) du Kath ou corps physique grâce à une pratique physique qui constitue le petit arcane des philosophes. Cette naissance endogène est la résurrection initiatique de l’homme vivant encore aujourd’hui sur le plan du quaternaire et non après la mort. Nous ne dépenserons pas beaucoup de paroles pour dire que l’arcane est révélé non par le Maître ou par l’Initiateur mais par une entité non quaternaire qui suppose un état de conscience similaire a celui de la Béatrice de Dante et beaucoup de pureté magique. Seulement après la purification, l’occulte parle. L’Initiateur à ce stade peut seul confirmer la découverte du secret ou ne pas le confirme dans le cas contraire. Mais, pour pouvoir le faire il doit le connaître. Ceci est la pierre d’angle du Maître et du groupe auquel il appartient. Une quelconque déviation de ce passage obligé pourra amener au maximum à une bonne intégration psychologique mais jamais –souvenez vous en- à la résurrection, à l’immortalité but et fin ultime de toute initiation traditionnelle. Voilà ce qu’il était nécessaire de dire. Lis, relis, médite, ouvre-toi humblement et la Lumière illuminera ta conscience purifiée. L’enseignement est là!
Le Pantacle Martinisme
Par
Francesco Ieiaiel S.I.I.
Grand Maître Adjoint
Ce
bref travail se propose d’illustrer l’origine et la valeur symbolique
du Pentacle reconnu universellement comme le sceau de l’Ordre Martinisme,
école initiatique qui s’inspire de la pensée et de la doctrine
de Louis Claude de Saint Martin (1743-1803), connu sous le pseudonyme de "Philosophe
Inconnu".
Ce Pentacle fut réalisé et choisit, comme emblème spécifique
de l’Ordre Martinisme, par le médecin français Gérard
d’Encausse (1865-1816), plus connu dans le domaine ésotérique
comme "Papus", son nom initiatique, et fondateur du Martinisme moderne.
Il est nécessaire de préciser que le Martinisme moderne ne doit
pas être entendu comme mouvement initiatique ou courant philosophique
différent ou innovant par rapport au Martinisme traditionnel. De même,
l’existence d’un vrai et propre Ordre Martinisme, organisé
de manière autonome qui fut fondée directement par Saint Martin
n'est pas certaine. Louis Claude de Saint Martin fut, en effet initié
et oeuvra dans l’ordre des Elus Cohens fondé par Martinez de Pasqually
(1727-1774), un juif portugais qui reçut l’initiation à
Londres du célèbre suédois Swedenborg et fut chargé
de le diffuser en France.
La finalité de cet Ordre consiste dans l’acquisition au moyen d’une
pratique de la pureté corporelle, animique et spirituelle, de pouvoirs
qui consentent à l’opérateur d’entrer en relation
avec les êtres invisibles (les Esprits de Lumière) et de parvenir
ainsi, à sa propre réintégration et à celle de tous
ses disciples.
Louis Claude de Saint Martin reçu la responsabilité de diffuser
l’école Martinéziste au-delà de la France et de porter
son action, à travers l’initiation individuelle, le plus loin possible.
Dans l’accomplissement de cette fonction, Saint Martin, qui alla jusqu’en
Russie, se trouva contraint par des circonstances contingentes à faire
quelques réformes de la doctrine de Martinez. Ce fut ainsi que dans la
discipline martinéziste, adaptée par le Philosophe Inconnu, on
reconnaît un nouveau mouvement auquel les historiens attribuèrent
le non de martinisme.
De Martinez de Pasqually, Louis Claude de Saint Martin appris la philosophie
de la réintégration universelle et la pratique opérante
en vertu du rituel. Outre à la méthode opérante pour s’approcher
de la Divinité, Louis Claude de Saint Martin eut une particulière
attention pour celle contemplative et mystique. En ce qui concerne cette seconde
méthodologie il s’inspira de la doctrine et de la philosophie de
Jacob Böhme (1575-1624), dont il fut un étudiant fervent et passionné.
Revenons à notre Pentacle d’où Papus tira l’inspiration
pour la réalisation de cet emblème de l’Ordre Martinisme?
Papus, pour réaliser le pentacle s’inspira d’un dessin autographe
de Louis Claude de Saint Martin, titré et daté par l’auteur
lui-même: "figure emblématique de l’univers. 1775".
Papus fut convaincu que l’ensemble des symboles exprimés sur ce
dessein contenait la philosophie du mystère de la manifestation et les
rapports conséquents qui existent entre Dieu, l’homme et la nature,
selon la pensée de Louis Claude de Saint Martin.
Sur ce dessein, Papus reconnu un Pentacle et il en tira le sceau de l’Ordre
Martinisme. Dans son "Traité méthodique de la science occulte"
en 1891, Papus proposa une interprétation de ce Pentacle. Telle interprétation,
tenant compte des considérations de caractère personnel, fut proposé
par Teder (Charles Detré) en 1913.
La meilleure façon pour étudier et comprendre ce symbole est d’analyser
chaque élément qui le compose. C’est ce que nous ferons
pour interpréter le Pentacle (ou Sceau) de l’Ordre.
Le Pentacle est composé des figures suivantes:
La circonférence
est le symbole de l’éternité, sans principe ni fin, la représentation
schématisée de l’Uroborus : le serpent qui se mord la queue.
L’espace délimité de la circonférence est le principe
premier de l’univers, c’est-à-dire le Dieu manifeste qui,
bien qu’il se soit fixé une limite il n’est toutefois pas
définissable. En effet, nous savons que même mathématiquement
la superficie du cercle n’est pas mesurable dans sa totalité..
Ceci nous enseigne que l’homme peut, à travers l’intuition
s’approcher indéfiniment à la compréhension de Dieu,
mais il ne pourra jamais en avoir pleine conscience.
L'hexagone symbolise les six périodes de la création et
le point central symbolise le septième: le repos. L’action
de la Force créatrice est représentée par la relation mystique
qui se développe du centre vers la circonférence, par la volonté
divine projetée six fois autour de la circonférence même.
A l’intérieur de ces émanations créatrices (forces
qui sont connues comme Eons), c’est-à-dire à l’intérieur
de l’hexagone, évolue la nature manifestée par deux grands
courants d’Evolution et d’Involution. Ces aspects sont symbolisés
par deux triangles ascendants et descendants et entrelacés. Ceci
nous enseigne que la nature n’est pas Dieu mais la force créatrice
émanée de lui.
La croix symbolise le quaternaire, c’est-à-dire le monde
cabalistique de Assiah (monde de l’action). Il est intéressant
d’observer la façon dont les bras de la croix touchent la circonférence.
Les bras partent du centre du cercle et tandis que, le bras horizontal (représentant
l’aspect passif-réceptif) touche la circonférence restant
dans l’hexagone, le bras vertical (représentant l’aspect
actif-volitif) touche la circonférence hors de l’hexagone. Ceci
signifie, que selon la loi du bras horizontal de la croix, tant dans un sens
que dans l’autre, on arrive à proximité de la circonférence
sans toutefois pouvoir la toucher car on reste à l’intérieur
de l’hexagone. C’est-à-dire que l’on reste dans l’émanation
créatrice qui n’est pas, comme je l’ai déjà
dit, Dieu, mais la force qui émane de Lui. En d’autres termes,
on est soumis au fatalisme de la Nature et on n’exerce pas, néanmoins
dans le juste sens, le libre arbitre. Tandis que, selon la loi du bras vertical
de la croix, dans un sens comme dans l’autre, on arrive à toucher
la circonférence en dehors de l’hexagone. Ceci signifie que l’homme
exerçant sa force de volonté pendant le parcours de l’ascèse
(ascèse entendue aussi comme chemin vertical vers le bas étant
donné que ce qui est en bas est comme ce qui est en haut) réussit
à aller outre la limite des forces créatrices et donc, outre,
le fatalisme de la nature et, dans ce parfait exercice du libre arbitre il unit
sa nature humaine à la nature Divine accomplissant le miracle de la réintégration.
LES
VETEMENTS DU RITE
par Enoch S.I.I. Grand Maitre des Cerimonies de l'Ordre
L'aube
L’aube est une tunique de lin ou de coton blanc.
Le martiniste est tenu de porter ce vêtement quand il œuvre rituellement.
Elle rappelle l’état primitif, avant la chute adamique, dans laquelle
l’homme, Adam, possédait encore les puissances primitives et les
vertus spirituelles et divines qui se manifestaient par ce que communément
l’on appelle corps de gloire, corps qui aujourd’hui se reconstruit
péniblement. Si l’aube est revêtue avec cet état de
conscience pendant toute la durée des opérations, elle ne fera
pas de l’homme qui la revêt seulement un moine (au martiniste est
associé aussi le nom de combattant) mais aussi un être réveillé.
Pour s’introduire de cette manière il est nécessaire d’être
conscients que ce n’est pas la tunique qui fait transformer l’homme
qui la revêt, mais c’est l’homme à œuvrer pour
cette transformation de soi au moyen de l‘utile instrument de la robe.
Par l’utilisation simple de ce costume nous découvrons que tout
le parcours martiniste doit être entendu comme un "se regarder dedans",
être présent à soi-même constamment dans le but de
notre réintégration dans les vertus primordiales et les puissances
spirituelles et divines...
On pourrait se demander: c’est suffisant de revêtir simplement l’aube
avec une pleine conscience de soi pour être efficace le long de la remontée?
La réponse est que cela peut être vrai en partie et qu’en
effet il existe de rares cas d’auto initiation; mais l’histoire
et la casuistique imposent d’avertir les plus dépourvus que c’est
nécessaire d’utiliser beaucoup de prudence en ce qui concerne les
accélérations de l’âme. En effet, on pourrait se trouver
empêtré dans les marais de la stase et des dépressions qui
peuvent avoisiner le désespoir...
L’aube que le martiniste revêtira, si visiblement elle est composée
de tissu blanc, invisiblement elle aura une ombre moléculaire sensiblement
différente du commun. Ayant été consacrée rituellement
par la personne ayant reçu la fonction sacerdotale de l’Ordre ou
le Supérieur Inconnu, elle aura en elle la particularité d’être
séparée: sacrée, possédant des vecteurs d’énergie
incomparablement supérieurs à la norme. Ceci implique de gravir
une marche en plus pour celui qui utilisera ce vêtement, marche supérieure
qui a été confiée a qui a déjà eut l’initiation
martiniste, initiation réelle, c’est-à-dire la transmission
réelle d’un pouvoir spirituel par une personne à une autre
personne à travers le rituel traditionnel afin d’éviter
des dommages irréparables.
Pourquoi ce vêtement est blanc?
Parce que le blanc représente la synthèse des sept couleurs de
l’arc-en-ciel: il les contient, il les agrandit et il indique au néophyte
le chemin vers lequel il va, vers la lumière, or (en hébreux).
De plus, le blanc nous reliant à la pureté, il nous ramène
à la mémoire historique de notre état primitif et originel
de l’Adam des origines: l’Adam Kadmon.
PURIFIE-MOI AVEC
L’HYSOPE ET JE SERAI PUR,
LAVE-MOI ET JE SERAI PLUS BLANC QUE LA NEIGE
(Psaume 51)
Cette assertion
fondamentale montre que la purification est le fondement de toute pratique opérante
martiniste avec ou sans aube; l’aube de toute façon nous le rappelle
et qui est capable sait toujours la revêtir.
L’action rituelle de celui qui est purifié ou qui a commencé
à le faire est diamétralement opposée à celle de
celui qui ne l’est pas. C’est bien pour cela qu’à partir
du premier degré, la pratique opérante de l’Ordre contient
le rite de la nouvelle lune (rite de purification maximale), et sans avoir effectué
ce rite toute pratique opérante martiniste est exclue pendant toute la
période de lunaison.
Le cordon
Si le martiniste est seulement un moine c’est suffisant d’utiliser
l’aube comme déjà dit. Mais étant aussi un combattant,
le martiniste qui se prépare pour le rite après avoir revêtu
la candide tunique, passe un cordon autour de sa taille.
Le cordon (consacré comme l’aube) peut donc être associé
au combat. Autour de la taille, il isole des forces inférieures : elles
ne doivent pas être comprises comme extérieures à nous mais
comme des forces qui sont à l’intérieur de nous. Le martiniste,
comme tout véritable initié sait que la visite royale vers laquelle
il tend se déroule seulement à l’intérieur de soi.
S’il ne part pas avec cette conception, s’il est tenté de
croire que seulement les forces externes veulent entraver le chemin alors il
est sous l’emprise de l’illusion.
Nous savons que l’union verbale que notre primitif féminin (Eve)
eut avec l’allégorique serpent ne fit pas autre chose que générer
un fils de ce type d’union, c’est-à-dire l’homme actuel
capable de recevoir soit le bien, soit le mal. C’est donc à nous
de choisir, conscients que désormais nous ne sommes pas totalement le
bien ou totalement le mal mais que nous conservons toujours un peu de l’un
et un peu de l’autre de manière inversement proportionnelle.
Nous savons donc que le cordon sert à diviser nettement ces deux potentialités
pour éviter la confusion générée par le mélange
des deux qualités dans la force unique. Quand Hermès Trismégiste
suggère à l’initié de « séparer délicatement
et avec soin le subtil du dense… » cela fait penser certes au service
que le cordon rend à l’initié car ses forces inférieures
ne doivent pas prévaloir sur ses parties nobles mais il y a plus encore.
En effet, quand la densité énergétique devient exponentielle
à cause de l’activité générée par le
rituel et par l’introduction dans un espace sacré où chaque
chose, chaque acte, chaque parole, chaque intention de la part de qui opère
ou de celui qui reçoit le chrême de l’initiation ont une
correspondance rigoureusement inéluctable avec des plans subtils qui
communément sont appelés "mondes".
Quand le cordon, pendant le rite est donné au néophyte, le maître
dit: "prends ce cordon, symbole de patience et de défense…".
"Défense" car à partir de ce moment commenceront les
luttes contre les forces qui tenteront d’entraver la marche de celui qui
tentera de s’élever vers la libération. "Patience",
car une fois pressenti le parcours on voudrait le parcourir en courant et tout
de suite sans savoir que l’Art est long et la vie brève (devise
alchimique connue).
A quoi fait penser le cordon ? Aux forces de la Kundalini régulées
par la rigidité de la forme; forces qui partent du bas (le masculin et
le féminin des deux pans du cordon apparemment divisé) qui se
canalisent circulairement autour de la taille, formant trois anneaux dans le
stade intermédiaire entre la vie et la mort ce qui correspond dans le
corps de l’homme au niveau des reins et de l’ombilic. Ceci nous
renvoie au symbolisme de Janus: un visage tourné vers le bas, le second
vers le haut et au centre l’intermédiaire qui communique avec les
deux autres; ou bien la ligne médiane de Janus qui tient ensemble les
deux choses (la porte du subconscient et celle du supra-conscient) grâce
à une autre chose (la porte étroite) que nous pouvons définir
la conscience ordinaire destinée forcément (du moins pour l’initié)
au réveil.